La synergologie doit être applicable au quotidien. C’est d’abord dans cet objectif qu’elle est née. Elle doit aider les professionnels de tous milieux à prendre de meilleures décisions,  car elles seront fondées sur une meilleure compréhension de l’autre. Elle doit également permettre aux synergologues de résoudre les difficultés pour lesquels ils sont consultés. Mais ces objectifs ne peuvent être atteints que si l’approche de la connaissance synergologique correspond bien à la description du réel.
La question se trouve donc posée :

En quoi la synergologie est-elle une discipline scientifique ?

La scientificité de la synergologie repose sur le contrôle de l’information qu’elle présente. Ce contrôle peut être effectué à trois moments :

  1. Le mode de recueil des données
  2. La nature des propositions émises
  3. Le mode de validation des propositions

1. DES DONNÉES

Le synergologue travaille à l'aide d'un éthogramme dans lequel toute l'information non verbale est classifiée et répertoriée.

NONVERBAL 11Cet éthogramme est constitué de classifications descriptives successives numériques liées à de l’information vidéo en situation réelle, à savoir des microréactions du visage et du corps, des mouvements des sourcils, des yeux, des paupières, de la bouche, de la langue, des larmes, des positions axiales de la tête, des microréactions sur le corps, des microdémangeaisons du visage, du corps, des membres, des articulations, des mouvements de mains et des doigts. Egalement une classification de la gestuelle proprement dite, par catégories et types d'attitudes, des gestes de préhension, des croisements des membres, de mains appelées boucles de rétroaction secondaires, des positions assises sur une chaise et d'un certain nombre de microclassifications permettant de répondre à des questions très spécifiques.

Ces classifications sont ensuite appliquées à la compréhension des processus émotionnels traversant l'être humain.

Et comme l'être humain interagit grâce à des codes de socialisation, observables à des chaines logiques d'items corporels, douze artefacts permettent de comprendre dans quelle attitude relationnelle il se situe face à l'autre. C'est à partir de ces chaines logiques que s'engage une réflexion sur l'authenticité et les non-dits s'il y a lieu.

Lorsque ces items sont observés à la vidéo, un synergologue distingue normalement entre 15 et 20 items différents sur une personne observée en pieds par seconde.

Exemple d’items :

  • La tête est légèrement penchée à droite dans son axe latéral droit
  • La personne regarde la partie gauche du visage en avant
  • La fente palpébrale inférieure des deux yeux se rétracte
  • La pupille droite se dilate davantage que la gauche
  • Les ailes du nez sont rétractées
  • La personne parle en employant la main gauche
  • Son geste est projectif...
  • Sur tel mot, la main est partie sur la droite
  • La main ouverte avait telle configuration.
  • Elle est assise le corps en avant sur la chaise
  • Son épaule droite était avancée
  • Ses jambes étaient croisées la jambe droite sur la jambe gauche.

L’information est classée dans une des huit catégories de la grille émotionnelle. Lorsque le discours dit une chose et le corps en montre une autre. Le langage conscient et le langage non conscient sont alors classifiés dans deux catégories différentes et contradictoires. Les non congruences favorisent l'interprétation. Ces items sont regroupés les uns avec les autres dans la méthode dite des Assattes : littéralement « association d’attitudes ».

La richesse de l’éthogramme synergologique, favorise le corisement de données et l’éventail des possibilités propositionnelles.

2. DES PROPOSITIONS

La méthode des Assattes permet de faire une analyse synergologique sérieuse en faisant la part de l’induction et celle de l’inférence. Mais prenons plutôt un exemple concret : Vous croisez une personne et il vous semble qu’elle est triste. Comment savoir clairement que sa tristesse est une tristesse réelle ? La tristesse doit être mesurée.

Exemple :Si vous dites qu’un être humain est triste parce qu’un des coins de sa bouche tombe et que concluez sur la tristesse à partir de ce seul indice, ce seul item, vous ne pouvez pas dire que votre observation est très riche de sens : Vous qualifiez cette attitude d'Assatte 1.

Nous dirons que cette personne est triste avec une Assatte 1 (un coin tombant de la bouche). C’est très pauvre. Et cette observation n’a pas réellement de sens.

En revanche si vous dites que cette personne est triste parce que les deux coins de sa bouche tombent (vous avez 2 items), parce que sa paupière gauche est fermée (1 item) , qu’elle ne cligne plus des paupières (1 item), que vous discernez une sclére sous ses deux yeux (2 item), que l’extérieur d’un de ses sourcils se rétracte (1 item), que ses lèvres sont blanches (1 item), que ses épaules sont tombantes (1 item), que l’axe sagittal de sa tête est descendant (1 item) , cette tristesse est qualifiée avec une Assatte 10. C’est là un indice riche de la tristesse de votre interlocuteur. Vous allez pouvoir évoquer la tristesse sans risque de vous tromper.

Les Assattes, sont distinguées en Synergologie :

  • Les Assattes pauvres : 1 à 4
  • Les Assattes modérées : 5 à 7
  • Les Assattes riches : à partir de 8

Dans la vie de tous les jours, si nous projetons nos propres états sur la personne observée alors que la personne n’éprouve pas l’émotion que nous décrivons, l’assatte que nous allons dégager sera une assatte pauvre. De nombreux éléments ne seront pas congruents avec ce que nous pensions observer. Des tableaux de classification différents permettent au synergologue de travailler rigoureusement (Voir la spirale de communication).

3. DES modes de validation pluriels

Pour être certain que toutes les observations synergologiques soient objectives, la synergologie se sert, chaque fois qu’elle le peut, du critère de falsifiabilité mis en œuvre par Karl Popper (Cf : Popper, K. (1972) la logique de la découverte scientifique, Payot).

Pour lui, une théorie n'est scientifique qu'à la condition expresse que ses vérités puissent être contestables par l'observation. C'est donc la possibilité de réfuter par l'expérience (ou "réfutabilité") qui fait la valeur de la scientificité de la proposition. Une théorie est scientifique si elle peut être "mise à l'épreuve", si elle est "testable" ou "réfutable".

Prenons un exemple : 100 000 cygnes blancs sur un lac ne permettent pas de dire que la proposition « tous les cygnes sont blancs » est une proposition vraie. En revanche un seul cygne noir sur un lac permet de dire que la proposition "tous les cygnes sont blancs" est une proposition fausse.

Ainsi l'attitude scientifique proposée par Popper est une attitude critique qui ne cherche pas des vérifications mais plutôt, au contraire, des tests qui peuvent réfuter la théorie.

Appliquons le critère de falsifiabilité aux propositions synergologiques :

Si nous émettons l’hypothèse comme nous le faisons : « Tous les gens joyeux ont systématiquement la fente palpébrale inférieure de leurs deux yeux relevée, ne laissant jamais voir le blanc de l’œil sous l’œil ».

Nous donnons les moyens de réfuter l’hypothèse, car il suffirait qu’un pourcentage significatif de fentes palpébrales ne soit pas relevé alors que les personnes sont manifestement heureuses pour invalider cette hypothèse. Une proposition synergologique n’est véritablement synergologique que si elle peut être réfutée. L’erreur, loin d'être un manque est une étape nécessaire du développement du savoir.

La méthode des Assattes, est très populaire en synergologie parce qu’elle a été fondée spécifiquement pour observer les items synergologiques, mais d’autres méthodes sont également utilisées. Par exemple, et sans que ce panel soit exhaustif.

Lorsqu'un mouvement de notre interlocuteur permet de prendre conscience de la manière dont vous êtes perçu, il convient au nom de la pragmatique de l’observation, d'utiliser une approche réflexive fondée sur le questionnement pour comprendre le phénomène.

Lorsque vous observez une situation, une émission de télévision… que vous essayez de décoder, vous mettez en oeuvre une méthode comparative . La Qualitative Comparative Analysis (QCA), fondée autour de tables de vérité est facilement utilisable en synergologie.

Lorsque vous observez une personnalité politique au fil du temps, vous réalisez une étude de cas.

Lorsque vous faites un mouvement et que vous essayez de comprendre ce qu'il signifie, en essayant de retrouver vos pensées, vous utilisez une approche phénoménologique.

Lorsque vous faites une hypothèse et que vous essayez de voir si elle se vérifie vous utilisez une méthode hypothético déductive.

Lorsque vous appuyez la réflexion sur des concepts connus pour asseoir des observations, comme par exemple lorsque vous cherchez des données neurologiques sur les microdémangeaisons, puis sur la différence hémisphère gauche droite, vous utilisez une méthode théorique.

Lorsque vous cherchez "le cygne noir" c'est-à-dire le cas qui réfuterait la théorie, la démarche est assise sur un échantillon par quête du cas négatif.

Hormis la méthode hypothético-déductive, toutes les autres approches sont des approches qualitatives. Or, pour qu'une recherche soit scientifique, il faut normalement en démarche qualitative, croiser les approches ou méthodes pour s'assurer de la scientificité, ce qui est appelé la triangulation des données. Les différentes méthodes croisées doivent permettre d'opérer cette triangulation.