Avez-vous remarqué que lorsque vous êtes seul(e) et que vous réfléchissez, vous ne faites pas de gestes ? Vous réservez les gestes aux situations dans lesquelles vous êtes en relation. Le geste est lié à la relation. Et en relation il a un double intérêt.

En relation, le discours verbal a tendance à être soutenu par de petits gestes qui pourraient sembler inutiles, car en théorie l'interlocuteur de celui qui parle ne les regarde pas vraiment. Mais ces petits gestes auraient disparu s'ils étaient vraiment inutiles. L'être humain ne fait rien pour rien et chaque fois qu'il dépense de l'énergie c'est pour une raison précise, la restauration d'un équilibre. Ces petits gestes en apparence anodins permettent d’aller stimuler une aire cérébrale liée à la production verbale. C'est le principe de l'homéostasie. Et relation, parce que l'échange se co-construit dans l'instantanéité du moment, que les interlocuteurs doivent se répondre sur le champ, une aire cérébrale connexe à l’AMS est stimulée, lors de la production gestuelle qui aide à trouver ses mots.

NONVERBAL 7La production gestuelle permet un autre phénomène :
Inconsciemment, celui qui écoute prend en compte les gestes de celui qui parle.
Ces gestes colorent et donnent toute profondeur au discours. Si vous dites à votre interlocuteur "Le ciel est bleu" c'est l'expression de votre visage et la nature de vos gestes qui vont lui permettre de comprendre quelles sont les intentions de votre message. Vos expressions gestuelles permettent de comprendre que vous cherchez lorsque vous dites que le ciel est enfin bleu, que le ciel est encore bleu, que le ciel est bleu alors qu'il était prévu qu'il pleuve. Vos gestes associés à l'expression de votre visage expriment votre intention. Avec les gestes, les partenaires de communication se livrent les uns avec les autres à une forme d’accordage à la fois affectif et cognitif.

Les gestes apportent parfois des informations supplémentaires et permettent de densifier la relation. D'ailleurs, sans cela d'un point de vue ontogénétique, ils auraient disparu à l'apparition des mots, ce qu'ils n'ont pas fait. C’est sans doute là une des questions les plus fascinantes auxquelles se trouve confrontée toute réflexion sur le non verbal. Au moment où nous nous attendions à voir disparaitre les gestes, parce que les mots les remplaçaient, ils se sont mis au contraire à proliférer.  Les grands gestes décrivant les choses remplacées par une multitude de petits gestes permettant de nuancer les mots et de faire passer un certain nombre d’états d’être. D'un point de vue plus technique, de multiples catégories de gestes sont apparues, des attitudes conscientes, mi conscientes, non conscientes, comprenant des gestes figuratifs, projectifs, symboliques, d’engramme.
Mais surtout le geste qui servait jusque là de support informationnel à la communication, en est devenu un support relationnel.